Plus de 82 % des personnes ayant besoin d'une aide humanitaire dans le monde vivent dans 20 pays où le risque de détérioration de la situation humanitaire est le plus élevé en 2025.
Le Soudan est désormais la plus grande crise humanitaire jamais connue, représentant 10 % de l'ensemble des personnes en situation de besoin humanitaire dans le monde, alors qu'il n'abrite que 1 % de la population mondiale, tandis que la Syrie réintègre l
Quatre facteurs déterminants contribuent à la détérioration de la situation à l'échelle mondiale : la force l'emporte sur la diplomatie, les civils sont les premiers touchés par les conflits, la crise climatique accroît les besoins humanitaires et les iné
L'IRC appelle à une réforme de l'aide humanitaire et explique comment un changement de politiques peut rétablir l'équilibre.
11 December 2024 — dir="ltr">Aujourd'hui, l'International Rescue Committee (IRC) publie sa Watchlist annuelle des urgences, qui identifie les 20 pays les plus susceptibles d'être confrontés à une aggravation humanitaire en 2025. Les cinq plus à risque sont le Soudan, les territoires palestiniens occupés, le Myanmar, la Syrie et le Sud-Soudan.
305 millions de personnes dans le monde ont besoin de soutien humanitaire. Les pays de la Watchlist représentent 82 % de ce chiffre, alors qu'ils ne regroupent que 11 % de la population mondiale. 77 % des personnes déplacées dans le monde le sont en raison de crises survenues dans des pays de la Watchlist. Les pays de la Watchlist représentent plus de 30 % et plus de l'extrême pauvreté dans le monde.
La Watchlist de cette année parle d'un « monde déséquilibré », catalyseur de nouvelles crises et obstacle à leur résolution. Les quatre déséquilibres profonds du système international qui sont à l'origine des crises sont les suivants :
- Plus de conflits et moins de diplomatie : c'est le symptôme le plus évident et le plus dangereux d'un monde déboussolé. Il y a désormais un record de 59 conflits en 2023, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale.
- Les attaques contre les civils et les infrastructures civiles sont devenues une composante essentielle des stratégies de guerre. Le nombre d'attaques contre des civils par des groupes armés étatiques et non étatiques dans le monde a augmenté de 66 % entre 2013 et 2023, et 74 % d'entre elles ont eu lieu dans des pays de la Watchlist.
- Le troisième déséquilibre est l'augmentation des émissions de carbone et la diminution du soutien aux personnes souffrant de la crise climatique. Les pays de la Watchlist contribuent à moins de 4 % des émissions mondiales de CO2, mais plus d'un tiers de toutes les personnes sans abri ou déplacées par des risques naturels au cours des cinq dernières années se trouvaient dans des pays de la Watchlist.
- Enfin, plus d'accumulation de richesses, moins de réduction de la pauvreté. En moyenne, les niveaux de pauvreté dans les pays de la Watchlist sont aujourd'hui supérieurs de près de 85 % à ce qu'ils étaient au milieu des années 2000, alors qu'ils ont chuté de 37 % dans le reste du monde au cours de la même période.
L'IRC propose un plan d'action en six points.
- Réformer le système d'aide humanitaire en utilisant des outils axés sur une meilleure efficacité et un meilleur rapport coût-efficacité afin d'optimiser les ressources.
- Alléger le fardeau de la dette, accroître les financements et promouvoir la stabilité économique afin de s'attaquer aux facteurs de crise et de promouvoir une prospérité collective.
- Améliorer la protection des civils en réformant le Conseil de sécurité des Nations unies afin d'accroître la représentation et de suspendre l'utilisation du droit de veto en cas d'atrocité de masse.
- Alléger les souffrances des civils en protégeant l'accès humanitaire, en veillant à ce que l'aide puisse être acheminée en toute sécurité à ceux qui en ont besoin.
- Investir dans l'adaptation et la résilience au changement climatique afin d'atténuer les effets des chocs climatiques.
- Élargir les voies d'accès sûres et l'assistance aux réfugiés afin de renforcer la protection et l'inclusion.
David Miliband, président-directeur général de l'International Rescue Committee, a déclaré,
"Il est évident que “ le monde brûle ” est une réalité quotidienne pour des centaines de millions de personnes. C'est le résultat d'un monde fondamentalement déséquilibré. En tant qu'organisation humanitaire, le rôle de l'IRC est de répondre aux besoins, mais aussi de lancer l'alerte. C'est l'objet de la Watchlist publiée aujourd'hui.
“La concentration de l'extrême pauvreté est frappante. Le monde se divise en deux camps : entre ceux qui sont nés dans des États instables en proie à des conflits et ceux qui ont une chance de s'en sortir dans des États stables. Cette tendance doit être prise en compte pour des raisons morales et stratégiques. Sur le plan moral, les ressources étant plus abondantes que jamais, elles doivent être utilisées pour aider les plus vulnérables de la planète. D'un point de vue stratégique, les problèmes qui commencent au Soudan ou en Syrie n'y restent pas : l'instabilité se propage.
“Le maintien du statu quo ne permettra pas d'inverser cette tendance. Les civils continueront à subir les pires conséquences des conflits naissants et à s'exposer à des voyages périlleux si nous ne changeons pas d'attitude. La communauté internationale a à la fois une opportunité et une responsabilité incroyables de changer les modalités de l'engagement humanitaire et diplomatique dans les pays de la Watchlist. Et bien que les défis dans ces pays soient complexes, l'expérience de l'IRC montre qu'il existe des moyens de sauver des vies, de renforcer la résilience et de préserver les moyens de subsistance des plus vulnérables”.
Harlem Désir, vice-président de l'IRC pour l'Europe, ajoute,
« Jusqu'à maintenant, l'UE a été la référence en matière d'action humanitaire et d’aide au développement dans les États fragiles ou en conflit. En tant que premier bailleur d'aide au développement, elle a aidé des millions de personnes à survivre, s'adapter et se rétablir. Mais nous assistons aujourd’hui à une dérive inquiétante vers une approche transactionnelle qui se traduira par une priorité aux partenariats avec des pays stables aux économies émergentes au détriment des pays moins développés et des contextes fragiles. Les États fragiles et exposés aux crises graves, tels que ceux qui sont sur la Watchlist cette année, risquent ainsi d'être délaissés faute d’intérêts économiques immédiats.
Ce serait une grave erreur et une approche à courte vue. Au moment où l'Union européenne veut renforcer sa capacité à prévenir les conflits et renforcer la sécurité internationale, tout en soutenant les Objectifs de Développement Durable, abandonner les contextes fragiles réduirait à néant des années d’effort et de résultats au bénéfice des populations les plus vulnérables. Avec les crises humanitaires qui s'intensifient et qui se concentrent dans un nombre de plus en plus restreint d'États, l'UE doit reconsidérer sa stratégie. Nous appelons les responsables européens à agir maintenant pour réaffirmer leurs engagements vis-à-vis des plus vulnérables mais aussi pour démontrer leur leadership et prouver qu'ils respectent les valeurs fondatrices et les engagements internationaux de l’UE ».
10 premiers pays dans l'ordre de classement
- Le Soudan
- Territoire palestinien occupé (TPO)
- Myanmar
- Syrie
- Sud Soudan
- Liban
- Burkina Faso
- Haïti
- Mali
- Somalie
10 pays suivants sans classement
- Afghanistan
- Cameroun
- RCA
- Tchad
- RDC
- Éthiopie
- Niger
- Nigeria
- Ukraine
- Ukraine
Notes aux rédacteurs :
Au cours de la dernière décennie, le rapport Emergency Watchlist de l'IRC a aidé l'IRC à déterminer où concentrer ses efforts de préparation aux situations d'urgence, réussissant à prédire en moyenne 85-95% des 20 pays confrontés aux pires détériorations. C'est également dans ce rapport que nous partageons notre analyse de l'évolution des crises humanitaires dans le monde, de leurs causes et de ce qui peut être fait pour en réduire l'impact sur les communautés touchées.