Bruxelles, Belgique, 20 June 2023 — 110 millions de personnes ont fui leur foyer en quête de sécurité et de stabilité. Un nombre record depuis la Seconde Guerre mondiale et qui représente une augmentation de 19 millions de personnes depuis la fin de l'année 2021.
Le nombre de personnes déplacées - plus de 62 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays, plus de 35 millions de réfugiés et plus de 5 millions de demandeurs d'asile - a presque doublé depuis 2014. Les gens sont forcés de fuir la guerre en Ukraine, le conflit au Soudan et les impacts du changement climatique et de l'instabilité économique en Afrique de l'Est, au Sahel central et en Amérique latine.
Parmi les personnes déplacées, les groupes marginalisés tels que les enfants, les femmes et les membres de la communauté LGBTQ+ sont souvent les plus touchés par ces crises. Ils sont confrontés à des risques de violence sexiste, notamment d'agression et d'exploitation sexuelles, à un accès limité aux soins de santé et à des difficultés d'accès à l'éducation.
David Miliband, président-directeur général de l'IRC, a déclaré :
<< Ce chiffre est la confirmation saisissante de l'échec du système international et de ses mécanismes de protection conçus pour éviter la souffrance humaine. Les conflits armés, les bouleversements économiques et le changement climatique hors de contrôle aggravent des crises de longue date et en déclenchent de nouvelles. Dans ce contexte sans précédent, et alors que 90 % des personnes déplacées sont accueillies par des États à revenu faible ou intermédiaire, les pays riches restreignent le droit bien établi de demander l'asile.
Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que ce chiffre alarmant ne tient pas compte des plus de 30 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays d'origine en raison d'une catastrophe climatique. 20 % de ces déplacements ont eu lieu dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires, qui, comme l'a souligné l'IRC, ont le moins contribué à la crise climatique qui les frappe le plus durement.
Une Journée mondiale des réfugiés qui est historique pour toutes les mauvaises raisons exige de la diplomatie, exige d'intégrer les États fragiles dans les négociations sur le climat et exige de répliquer le type de solidarité et de financement canalisé vers l'Ukraine pour répondre aux crises mondiales qui entraînent des déplacements de population. Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons espérer voir l'année prochaine des niveaux de détresse humanitaire différents. >>
Harlem Désir, Vice-Président pour l’Europe de l’IRC, a déclaré :
<< En cette journée mondiale des réfugiés, on ne peut qu’être frappé par le parallèle entre le terrible chiffre de 110 millions de personnes contraintes de quitter leur foyer à travers le monde et le dramatique naufrage d’un bateau transportant 750 personnes en Méditerranée la semaine dernière. Ce naufrage doit déclencher un sursaut et un appel à l’action en Europe. L’Europe et les Etats membres doivent d’urgence tout mettre en œuvre pour que la Méditerranée cesse d’être un cimetière pour des milliers de personnes en détresse.
Comme l’a montré l’accueil des réfugiés ukrainiens, exemplaire dans la plupart des pays d’Europe, avec de la volonté politique et de la coordination, l'UE et les États membres peuvent mettre en œuvre une politique d’asile et d’intégration plus humaine, efficace et protectrice.
Il est temps de forger une nouvelle approche européenne de l'asile et de la migration qui place la protection des personnes les plus vulnérables au cœur des politiques et qui garantisse l’existence de voies d'accès sûres et légales aux personnes en besoin de protection internationale qui ne devraient plus avoir à risquer leur vie dans des traversées périlleuses.
Les Etats membres doivent pour cela faire preuve d’une plus grande solidarité et d’une volonté de partager les responsabilités avec les pays de première arrivée comme la Grèce et l'Italie. Ils doivent également renforcer les capacités de recherche et de sauvetage en mer, tant européennes que nationales et veiller à ce que le travail vital des ONGs dans ce domaine ne soit pas criminalisé ou entravé. >>